Le feu follet hante souvent les mers et les océans du monde, mais l’image du brick-goélette américain Mary Celeste, retrouvé dérivant et abandonné à l’Açores le 4 décembre 1872, demeure une énigme non résolue au cœur de l’histoire maritime. De nos jours, la fascination pour l’inconnu et pour les disparitions inexpliquées en mer se cristallise autour de ce navire mystérieux, témoignant de la marque indélébile que ce vaisseau a laissée dans l’imaginaire collectif.
Une odyssée maritime couronnée d’énigmes
Construite scrupuleusement en Nouvelle-Écosse en 1861, le navire n’était pas encore le Mary Celeste. Il s’agissait initialement d’un brick robuste nommé Amazon, mesurant 30,3 m de long et 6,9 m de large. Son aventure sous l’étendard du Mary Celeste commence en 1868, quand Richard W. Haines et James H. Winchester, des hommes d’affaires avérés, l’acquièrent. Ils lui offrent une série de modifications visant à améliorer sa performance et le rebaptisent Mary Celeste.
Le 5 novembre 1872, la Mary Celeste entreprend son voyage fatidique avec à son bord une équipe familiale, dirigée par le compétent capitaine Benjamin Briggs, accompagné de sa femme et de sa fille. La cargaison, constituée de 1 701 tonneaux d’alcool dénaturé, ne laissait présager aucun danger imminent. C’est ainsi que le brigantin américain est aperçu une dernière fois dans les yeux de l’Homme, son destin ultime restant à jamais inconnu.
Une découverte mystérieuse et bouleversante
Surpris par une vision troublante le 4 décembre 1872, l’équipage du Dei Gratia identifie un navire battu par les flots, seul en pleine mer. Le Mary Celeste est à la dérive, dans un état de délabrement avancé. Ses voiles sont abîmées, sa cale est inondée et l’absence d’équipage rend le spectacle encore plus terrifiant. Des éléments trouvés à bord suscitent nombre de questions, des écoutes verrouillées jusqu’à un assortiment d’objets étranges. Pourtant, rien ne semble indiquer qu’un combat a eu lieu à bord du vaisseau. Le dernier récit du journal de bord, daté du 25 novembre préalablement à cette découverte, restera silencieux. Cette absence totale de l’équipage est ce qui frappe le plus. Le navire est abandonné mais demeure intact à l’intérieur, ne ressemble en rien à un champ de bataille ou une scène de lutte.
L’engrenage des suppositions et des théories
La découverte du Mary Celeste déclenche une enquête à Gibraltar, laissant la place à toutes les spéculations. Entre meurtre collectif et tentative d’assurance frauduleuse, l’éventail des hypothèses criminelles est large. Les suggestions paranormales ne sont pas en reste, l’évocation d’extraterrestres ou d’un calmar géant n’étant pas épargnée dans l’effort de comprendre cette disparition. Mais face à ces théories diverses et variées, des causes naturelles sont également évoquées. De la peur d’une explosion possible en passant par des crises maritimes, jusqu’à la panique provoquée par une éventuelle fuite de vapeur, les experts tentent d’approcher l’inexplicable.
Un héritage imprégné dans la culture
Le Mary Celeste transperce le voile du temps pour s’imposer dans la culture populaire. Se manifestant dans diverses adaptations littéraires, dont celles du célèbre écrivain Arthur Conan Doyle, il devient un symbole, un mystère perpétué au fil des années. Le nom du Mary Celeste est également associé à la convivialité parisienne, le bar éponyme du 3ème arrondissement de Paris offrant une expérience unique où elegance, cocktails raffinés et plats inventifs se conjuguent.
Que ce soit la tragédie maritime qui a saisi le navire en 1872, ou l’existence actuelle du bar parisien qui porte son nom, le Mary Celeste est plus qu’une simple embarcation. C’est un navire qui continue de défier les explications scientifiques, un héritage qui persiste à travers les mythes et que le temps ne peut effacer.
